Phil Gordon
22 Décembre 2009
Même les meilleurs joueurs du monde font des erreurs, et lorsqu’elles ne sont pas corrigées, elles peuvent se transformer en "fuites" qui peuvent couler votre jeu. Il y a deux cas particuliers de mains de départ que veulent jouer les joueurs en Hold ‘em mais qu’ils devraient coucher.
La première consiste à jouer des mains qui sont facilement dominables. La domination au Texas Hold ‘em est synonyme de mort, et vous devez vous forcer à coucher ces mains potentiellement dominées pré-flop si un autre joueur entre volontairement dans le pot.
Ce concept est un dérivé du "Gap principe" de David Sklansky qui dit que "l’éventail de mains avec lequel vous êtes prêt à relancer est plus large que celui avec lequel vous êtes prêt à suivre."
Par exemple, si tout le monde se couche jusqu’à moi qui possède K-Q dépareillés au bouton, je vais alors relancer. C’est probablement la meilleure main, je me donne une chance de voler les blinds. Par contre, si je suis en milieu de parole et qu’un joueur relance pré-flop, je vais jeter ce K-Q rapidement. Ce K-Q est facilement dominé par les mains avec lesquelles mon adversaire est prêt à relancer en milieu de parole comme A-K, Pocket-K, Pocket-As, Pocket-Q et A-Q. Ce sont ces mains que le K-Q va avoir beaucoup de mal a battre, et si nous avons tous les deux une paire sur le flop, je pourrais avoir de sérieux problème et perdre tous mes jetons.
Pour illustrer ce point, voici un regard mathématique sur cette théorie démontrant pourquoi cette main puissante est pire à jouer que des rags*. Disons que mon adversaire en début de parole a A-K et tout le monde se couche jusqu’à moi au bouton avec 7-2 dépareillés, la pire main au poker. Je suis ici underdog* à 65-35.
Maintenant disons que j’ai A-Q au bouton face à la même relance A-K. Désormais ma main est à peu près underdog à 75-25, ce qui est significativement pire que si j’avais 7-2.
Ce n’est pas facile de coucher A-Q sur une seule relance pré-flop, mais si la relance vient d’un joueur en début de parole et que vous avez des raisons de croire qu’il a une bonne main, A-Q peut facilement être dominé. De plus, les mains suivantes - K-Q, Q-J, Q-10, K-10 et K-J – font également parties des mains à jeter si un joueur ouvre le pot par une relance.
Les autres "fuites" impliquent des mains qui sont souvent surévaluées. Je vois des joueurs avec A-5 Suited* ou 8-7 Suited jouer ces mains car ils pensent qu’ils peuvent obtenir une Couleur sur le flop. En réalité, lorsque vous avec des mains assorties vous n’obtiendrez votre couleur qu’une fois sur 121. C’est à peu près 0,84 pourcent du temps. Cela n’arrive pas très souvent. Et même quand ça arrive, vous n'êtes pas susceptible de gagner un gros pot.
Si vous prenez une main comme A-5 Suited et que vous la comparez à A-5 dépareillés, en réalité, contre la gamme de main que votre adversaire peut jouer, vous n’avez un avantage que de 2 ou 3 pourcent par rapport à votre adversaire.
Ne vous laissé pas berner par les mains de même famille. Une main assortie n’est pas forcement jouable. La valeur des cartes est bien plus importante que leur couleur.
Lorsque vous prenez une décision pré-flop, si vous pouvez résister à l’envie de jouer des mains facilement dominées et résister à l’envie de jouer des carte assorties, je pense que vous jouerez un poker plus rentable sur le long terme.
Rags: Carte ou main sans valeur, comme un 3. Ex : Ace-3 = Ace-Rag.
Underdog: Underdog est le joueur qui dans une situation donnée possède les plus mauvaises cartes. On rajoute souvent la cote associée, à savoir la probabilité que le joueur ne perde:underdog à 3:1.
Suited: Cartes de même couleur ou de même famille. Assortie.